Participants
- Sophie, qui, d'après Julie, va adorer ce jeu de
déduction,
- Elise, habituée au Cluedo,
qui devrait donc trouver dans Mystère à l'Abbaye, une excellente
alternative,
- Julie, qui se montre ravie de tester enfin ce jeu, elle la plus grande amatrice
du monde des jeux de déduction !
- Ludo le gars, votre serviteur.
Déroulement de
la partie
La belle boîte de Days of Wonder se retrouve sur la
table de jeu ce soir, pour le plus grand plaisir de Julie, Sophie et Elise,
dont le Cluedo a souvent été le divertissement familial dans le
passé.
J'installe donc le plateau de jeu et répartis les cartes comme indiqué
sur la règle : les cartes cryptes, scriptorium, bibiothèque, événements
et suspects sont mélangées et le jeu peut débuter.
Sophie choisit l'enquêteur jaune, Elise le bleu, Julie le rouge et votre serviteur le vert. La partie débute avec Julie en première joueuse, charge à elle de veiller à l'écoulement du temps et à la tenue de la messe matinale. Dès l'entame nous prenons conscience de la difficulté incroyable pour formuler une question pertinente, pas trop orientée quand même, et dont la saisie de la réponse sera efficace. Je me colle à la première question, sous les huées de mes adversaires : "Alors, tu la poses ta question !", qui ne comprennent pas pourquoi j'y passe tant de temps. On en reparlera...
Plus la partie avance, plus je me demande
comment je vais m'en sortir : je ne réussis pas à saisir
les informations que les autres joueurs donnent et je ne parviens jamais
à formuler des questions qui me satisfasse. C'est extrêmement
frustrant comme situation... Au bout de quelques tours , je me rends compte
que du fait de la constitution originelle du tableau de suspects, nous
favorisons les question basées sur l'ordre et le rang des moines,
au détriment de celles basées sur la carrure, le visage
et le capuchon. Il faudrait, en effet, un tableau en 5 dimensions pour
visualiser d'un seul regard l'état des caractéristiques
des suspects et effectuer des éventuels recoupements. Je me dirige
donc vers une saisie caractéristique par caractéristique,
en listant le nombre de cases non cochées pour chacune d'entre
elles. Par exemple, je me rends compte que sur mes 13 moines non cochés,
9 sont imberbes et 4 ont une barbe, aussi je me dirige vers la salle du
Chapitre, histoire de révéler que "le coupable est
glabre".
Alors que Sophie est en train de faire avancer
la cloche sur la carte de messe, je me dis que je vais tenter une accusation
en me rendant à la salle du Chapitre. Je soupçonne le père
Bruno d'être le coupable, car Sophie semble formuler une question
qui concerne les gros bénédictins et qu'elle pensait se
limiter aux pères.
Sophie semble pressée également de se rendre
à la salle du Chapitre, aussi, possédant un tour d'avance,
je me décide pour une accusation, n'ayant pas grand chose à
perdre : "J'accuse solennellement le père Bruno d'être
le coupable du meurtre de frère Adelme". Sophie est écoeurée car, en ayant dissimulé le père Sergio jusqu'à maintenant, elle aurait également fait la même accusation. |
Je tente, certainement comme mes partenaires
de jeu, de dissimuler 2 personnages de ma main : le novice Guy et le
frère Malachie, dans l'idée de les induire en erreur sur
l'identité du coupable.
Plus la partie avance, plus les questions
tournent autour des Bénédictions, et des pères
en particulier. A croire que le père Bruno ou le père
Sergio serait coupable... Je ne parviens pas à dissimuler mon novice bénédictin prénommé Guy et chacun est capable de l'identifier sans que je l'ai montré à l'un des joueurs ! Une question de Julie portant sur les novices maigres avec capuchon m'oblige à annoncer que j'ai coché les 2 ! Dommage pour le suspens. Heureusement, il me reste le frère Malachie que je dissimule assez bien et que je commence à utiliser dans mes questions, afin de brouiller les pistes.
Mettant au clair nos fiches de suspects respective, je m'aperçois qu'en posant une seule question je devrais être capable d'être certain du caractère sans capuche du coupable. Je pose donc une question très alambiquée à Elise : "Parmi les moines suivants, frère Malachie novice Barthélémy et novice Guy, en as-tu coché plus ou moins que la moitié ?". Me répondant "Plus", et certain qu'elle a coché novice Guy et qu' elle n'a pas coché frère Malachie, j'en déduis qu'elle a coché le novice Barthélémy, le seul encapuchonné qu'il me restait à disculper. Subtil et très difficile à interpréter pour les autres joueurs. Je me décide donc à me rendre au pas de course à la salle du Chapitre, en ayant le choix de ma position : révélation ou accusation, selon l'éventuelle réponse de Julie à la question de savoir si elle a coché le père Sergio. Elle me répond par la négative, ce qui pourrait renforcer mes suspicions à son égard, mais je sens quand même que le coupable est le père Bruno.
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Décompte final
Je remporte cette partie avec un total de 3 points (4 -
1), devant Sophie, Elise et Julie, toutes à égalité avec
0 point, Elise n'ayant pas été pénalisée par sa
révélation inexacte.
Débriefing
Hallucinant ce jeu ! Comment prendre des notes efficacement ? Comment jouer
plus rapidement sans pour autant poser des questions trop ciblées ? Comment
resserrer l'étau autour des coupables potentiels ? Quand et quoi révéler
dans la salle du Chapitre ? ...
Toutes ces questions tournent dans nos têtes à l'issue de la partie
et nous éprouvons un grand sentiment de fatigue après une partie
qui a duré environ 2 heures et demi et où
nous avons retourné le problème dans tous les sens.
Que ressort-il du jeu ? En premier lieu, il semble qu'il
ne faille pas hésiter à prendre des risques au niveau des révélations,
en se disant que l'on a une chance sur deux pour les caractéristiques
de visage, capuche et carrure. Comme la salle du Chapitre est située
particulièrement loin de l'Eglise, il faut donc s'y rendre à chaque
tour afin d'y émettre une révélation. Nous n'avons pas
de temps à perdre.
Ensuite, accuser quelqu'un est risqué car, en cas d'erreur, on encaisse
des points négatifs douloureux et on élimine d'un coup un suspect
que plusieurs joueurs avaient probablement dans le colimateur : un autre joueur
n'a plus qu'a pénétrer alors dans la salle du chapitre pour accuser
un autre moine et il a toutes les chances de l'emporter de la sorte...
Enfin, le joueur qui aura réussi à concevoir une technique de
prise de notes performante gagnera systématiquement les parties auxquelles
il jouera. Cette facette du jeu, la plus difficile à maîtriser,
risque de s'amoindrir et de perdre alros en intérêt. A voir si
les auteurs du jeu ont trouvé une méthode quasi-infaillible.
Mystère à l'Abbaye est donc un jeu à
sortir avec parcimonie, mais qui est une véritable et majestueuse réussite,
l'un de ces jeux dont la qualité n'est pas à démontrer.
Bravo à Bruno Faidutti, Serge Laget et Days of Wonder pour un tel résultat.