Participants
- Jérôme, ravi finalement de re-pratiquer ce jeu qu'il avait apprécié au printemps,
- Julie, idem,
- Olivier, alias Lolive, très très très très... très... motivé pour jouer à Löwenherz, alors que j'aurais bien testé San Francisco :-(
- Ludo le gars, votre serviteur.

Déroulement de la partie
Lolive se jette sur la boîte sitôt arrivé. S'en munit. La contemple. Et s'exclame : "Ca, je veux essayer !!!". Voilà, ma foi, une prise de position qui laisse peu de place à la négociation, vous en conviendrez... Alors, soit, ce ne sera pas San Francisco ce soir, malgré une lecture intensive des règles de ma part, mais bel et bien l'un des jeux incontournables de ma ludothèque : le fameux Löwenherz, dont on ne se lasse pas.

Histoire de mesurer l'importance des placements initiaux des châteaux, nous décidons d'appliquer la disposition initiale des portions de plateau mais de laisser le champ libre au placement des châteaux de chacun. Ainsi, le jeu devrait en ressortir plus déséquilibré et donc encore plus passionnant (défense de zones lucratives, alliances plus prévisibles, proximité accrue, ...).
Jérôme, en tant que jeunot du groupe, est désigné comme premier joueur et il choisit les éléments gris, alors que Julie prend les rouges, Lolive les violets et Ludo le gars les orangés.
C'est parti, après un petit raffraîchissement de règles inévitable et bienvenu...


Une bien belle tablée, ma foi...

La partie proprement dite débute avec saveur : chaque frontière posée étant à double tranchant, personne n'ose trop clairement aider un adversaire en créant un domaine à sa place. Forcément. Les négociations sont déjà assez relevées, ce qui promet de belles empoignades pour la suite de la partie.

Conformément à ce qu'il avait laissé entendre, Lolive crée assez rapidement un premier royaume et marque ses premiers points. De mon côté, je prends un peu plus mon temps, convaincu que lesfrontières posées par mes adversaires devraient m'être utiles, et je préfère collecter de l'argent toujours difficile à engranger et des cartes politiques bien souvent utiles si prises tôt dans la partie
Pour la petite histoire, les 3 premières cartes politiques que je pioche sont des sacs d'or ! Bonjour la malchance ! Deuxième anecdote : je totalise en fin des cartes B le total assez impressionnant de 49 en argent (27 + 22 de trésor).


Ma place forte orangée commence à faire parler d'elle : 4 chevaliers et un royaume qui commence à s'étendre sur les côtés...

Dans le même temps, Julie et Jérôme se suivent au score, même si Julie réussit, après la construction de son premier royaume, à prendre la tête un court instant.
En clair, deux groupe se créent globalement : Lolive et Ludo le gars devant, et Jo et Julie derrière, à une dizaine de points environ.

La partie est vraiment attrayante et chacun y prend un malin plaisir. Cela va du joueur qui pleure qu'il est ruiné à celui qui tente de négocier à tous les tours, et pas forcément pour réaliser l'action, qu'on se le dise...


Jérôme, très à la traîne, sait que la partie ne se déroule pas à son avantage et qu'il lui faut réagir...

Plus les tours défilent plus ma position sur le plateau s'affirme : j'empiète de plus en plus chez mes adversaires, j'accroîs mon avance au score et je sécurise mes positions. Aussi bien Jérôme, que Julie, que Lolive ne peuvent s'empêcher de bloquer devant cette situation qu'ils ne savent pas contourner.
De mon côté, je me méfie autant de Lolive (le plus près au score et au niveau positionnement du plateau) que de Julie (plus discrète mais avec plus de marge de manoeuvre). Donc, suivant les tours, je m'étends plutôt chez l'un et plutôt chez l'autre.


Une vue rapprochée du plateau lorsque mon avance s'accélère (11 points sur le second) et mon royaume orangé s'étend implacablement...

Nous arrivons dans les cartes D et mon avance n'a jamais été aussi confortable. Je ne peux m'empêcher d'invoquer le décès du roi à corps et à cris.
Les cartes E maintenant, et la situation est encore plus marquée : j'ai atteint la dernière case du tour du plateau (voir photo ci-contre : case 50) et le deuxième est à 26 points (case 24) !
Mais le roi se fait attendre et je m'inquiète un peu de Julie, qui pourrait réaliser un joli retour si elle clôt son troisième royaume. Elle le fait le tour suivant et toujours pas de roi mort en vue...

Ne possédant que peu d'argent (une douzaine d'ors), je ne cherche pas le conflit sur la carte suivante, lorsque Julie se positionne sur l'action n°3 correspondant à deux chevaliers (ou 1 expansion et 1 chevalier). Je me rabats sur le second choix, déjà correct à mes yeux : un chevalier ou une expansion.
ENORME ERREUR !!! Même si je joue avec intelligence en ne protégeant pas une de mes villes (qu'elle aurait pris dans la foulée en plaçant un chevalier au préalable), et en lui dérobant une colline, je pense avoir fait le bon choix. Certes, elle me vole ma ville mais je ne pouvais pas la contrer. Donc c'est un moindre mal.
Comme chacun me voyait largement devant depuis au moins quinze tours, je ne peux m'empêcher de faire remarquer à l'assemblée médusée que je n'ai plus que 2 points sur Julie...

Cliquez pour agrandir !
La configuration finale du jeu


La configuration initiale de la partie...

Le placement initial, visible sur la photo ci-dessus, montre clairement que sur le haut du plateau Gris et Orangé auront à s'entendre en 2 endroits, alors que ce même Gris a essayé de s'adjuger d'entrée la position centrale du plateau, très lucrative en collines, mais très difficile à clôturer (et oui !).
Le placement de Rouge semble pertinent, car à la fois sur les bords et assez isolé, alors que celui de Violet paraît plus limite notamment à cause de ses 2 positions quasi-centrales.
De mon côté, avec Orangé, je décide de m'implanter près des bords pour mes 3 châteaux, espérant clôturer rapidement au moins un royaume pour pouvoir m'en servir de place forte!


Les royaumes commencent à se profiler : un petit violet et un petit gris, ainsi qu'un moyen orangé...

Plus la partie avance, plus les positions se clarifient : l'avance prise par Lolive se résorbe bientôt à mon profit, mais je préfère ne pas trop me mettre en avant, craignant des représailles évidentes de la part de l'ensemble de la table. Je le laisse donc devant, récupérant, au passage, encore un peu d'argent. De même, afin de ne pas être seul en tête, je renforce ma place forte au lieu de l'étendre trop vite et de marquer trop points. La fragilité de mon royaume, couplé à une avance au score, serait trop risquée.


Négociation au sommet et sans succès, aboutissant à une mise cachée.
Une vingtaine d'or étant nécessaire pour que je l'emporte au nez et à la barbe d'un Jo médusé, n'en revenant pas que je sois aussi riche...

Au niveau des tactiques de jeux, il semble que Julie tente de placer beaucoup de frontières afin de se créer plusieurs royaumes, que Lolive et Jérôme essaient d'exploiter au mieux ce qu'il se passe (royaumes pratiquement construits, collines), alors que, de mon côté, je tente d'exploiter un seul royaume en l'étendant démesurément chez mes voisins et en le blindant question chevaliers. A voir.


Lolive et Ludo le gars négocient à leur tour. Comme Lolive rejette finalement mon offre à 15 ors, nous réalisons une mise cachée que je remporte avec 19 contre 17 !

L'un des plus jolis coups auquels nous serons confrontés durant la partie est l'oeuvre conjointe de Lolive et moi-même. Voulant jouer une carte Rénégat, afin de me prendre un chevalier comme je le suppose, Lolive la place avec sa carte d'action n°1 pour prendre de l'argent (certitude de réussir à jouer l'action). Ma réaction est aussi bête que subtile : j'en place une à mon tour avec ma carte d'action n°1, ce qui, en quelque sorte, annulera l'effet de la sienne.
A moins qu'il ne s'en serve pour embêter un autre joueur... C'est ce qu'il fait et c'est également ce que je fais !!! On s'est fait des énemis sur ce coup mémorable...


Déprimée la Dame Julie : en peine pour négocier, elle a l'impression d'être le bouc émissaire de la soirée. Moi je dis : méfions-nous de l'eau qui dort...


Ce n'est plus un royaume orangé, c'est un labyrinthe !

Olivier retourne la carte E suivante et... le roi est mort !
Je sais, à cet insant que j'ai perdu la partie, ne possédant aucun parchemin pour me sauver la mise.

 

Décompte final
Julie remporte cette partie avec un total de 54 points, devant Ludo le gars avec 53 points, Lolive avec 34 points et Jérôme avec 25 points.
Le détail est le suivant :

 
Score avant décompte
Collines
Parchemins
Total
Jérôme
20
5
0
25
Julie
44
5
5
54
Olivier
24
3
7
34
Ludo le gars
46
7
0
53

 

Débriefing
Me rappelant, en inversant les rôles, la mythique partie de Tikal du 20 février 2003, je vis avec une certaine frustration cette défaite d'un tout petit point de rien du tout au tout dernier moment. Incroyable final, quasiment hitchkockien, mais dont je peux analyser les raisons avec objectivité :
- Au lieu de s'évertuer à tenter de venir "casser" mon royaume surpuissant, Julie a brillamment diversifié son action en créant 3 royaumes, certes fragiles, mais très étendus et difficiles à attaquer en même temps,
- Exploiter un seul royaume, même de manière intensive, est extrêmement dangereux, et même si à un tour prêt cela aurait été payant, on est trop exposé,
- J'ai très clairement raté mon dernier tour : jamais je n'aurais dû laisser Julie seule sur l'action n°3. En effet, cette action lui a permis de revenir à ma hauteur en lui garantissant le vol d'une de mes villes. Je la croyais plus riche que moi et je me trompai : elle n'avait plus que 3 ors en main !
- La carte parchemin de Julie lui permet de marquer 5 points et de me doubler d'un point, alors qu'elle n' a en tout et pour tout pioché qu'une seule carte de politique !

Histoire de rajouter une couche sur ce dernier point, nous avons unanimement jugé que ces fameuses cartes de parchemin pouvaient dénaturer le jeu en apportant une part de chaos non négligeable en fin de partie, surtout si les scores sont serrés. Notre idée n'est certainement pas de les retirer du jeu, ce serait dommage d'intervenir de la sorte dans ce superbe jeu, mais de les révéler dès qu'elles sont piochées. Ainsi, un joueur qui a la chance d'en avoir pioché une marquera bien les points indiqués mais, au moins, les autres joueurs en seront conscients plus tôt dans la partie et auront le temps de réagir. Cette variante doit, à mon humble avis, s'appliquer systématiquement pour toutes les parties futures que nous ferons.

En tout état de cause, Löwenherz est à mon avis le jeu ultime de la négociation, de la prise de risque, du placement, de la gestion, du choix, ... On ne s'ennuie jamais, aucun temps mort n'est à déplorer, tout le monde est impliqué partout, tout le temps.
Fabuleux et incontournable !