Participants
- Elisa, en quête de pouvoir hispanique,
- Gaël, Grande Comicum !
- Julie, fine stratège au final,
- Ludo le gars, votre serviteur.
Déroulement de
la partie
Ayant découvert ce jeu il y a une dizaine de jours,
je souhaitais vraiment le faire partager à mes adversaires d'un soir,
car il me semble qu'El Grande est un monument du jeu de plateau allemand : placement,
majorité, enchères, cartes action, points de victoire, décomptes
intermédiaires...
J'explique les règles,
assez simples, en deux coups de cuillère à pot, puis chacun prend
le Grande de sa couleur et le place avec 2 caballeros dans sa région
d'origine :
- Elisa se place avec ses pions jaunes en Nouvelle Castille,
- Gaël se place avec ses pions marrons en Catalogne,
- Julie se place avec ses pions rouges au Pays Basqe (tiens, tiens...),
- Ludo le gars se place avec ses pions verts en Séville,
- Le Roi se place initialement en Aragon.
Et c'est parti !
La première phase
est sympathique et assez pacifiste : assimilation des mécanismes et gestion
de régions sans trop de conflits de majorité, exception faite
de la région initiale d'Elisa qui est âprement disputée.
Notons que certaines d'action mémorables pointent le bout de leur nez
lors de cette phase : par exemple, celle du décompte immédiat
d'une région à choisir secrètement si personne ne la trouve.
Gaël prend cette carte, répand des caballeros pour brouiller les
pistes, mais n'obtiendra pas le fameux décompte, car je trouve la région
de Valence qu'il avait choisie.
De mon côté, je parviens à placer le Roi dans ma région
d'origine juste avant le décompte et à m'assurer la majorité
dans le Castillo.
Le décompte final est opéré et je prends une avance de
5 à 10 points environ.
La deuxième phase
est magnifique et l'on sent bien la montée de la tension : Gaël,
encore lui, déplace son Grande dans la région d'origine de Julie,
le Pays Basque, puisque cette dernière a placé un marqueur provisoire
lucratif de 8 pour le joueur majoritaire. Julie vit assez mal cette intrusion,
surtout que non contente d'être défiée dans sa région,
elle subit l'arrivée des caballeros de Gaël et perd la majorité.
Elisa use d'une stratégie qui peut payer en répandant des caballeros
un peu partout sur le plateau : elle possède au moins un pion dans chaque
région, avec comme objectif non pas d'être première, mais
deuxième un peu partout. Ce peut être judicieux, à voir.
De mon côté, je procède à plusieurs décomptes
intermédiaires tant que la région de Séville n'est pas
prise d'assaut par mes adversaires. Les points gagnés le sont définitivement.
Lors du décompte du Castillo, je choisis de placer tous mes caballeros
non pas dans ma région d'origine, où je n'en ai que 2, mais dans
la région voisine (Grenade), où je n'en ai aucun, mais où
je vais faire perdre leurs majorités à mes 3 adversaires (5, 5,
2). En effet, j'en place 6 d'un coup !
En revanche, je ne suis pas très bien dans ma région d'origine,
puisque je perds ma majorité.
Le décompte me permets de renforcer cette fois mon avance, avec une marge
d'environ 20 points sur mes poursuivants qui se tiennent en 1 point.
La troisième phase
est très relevée et chaque joueur passe plus de temps à
réfléchir, afin d'optimiser ses gains, tout en tentant d'anihiler
les efforts adverses. Dans cette logique, je suis séduit par la carte
Affaiblissement de l'autorité : renvoyer tous les caballeros de la cour
de vos adversaires dans la Province, et je mise donc ma carte de 13. Julie ne
se doute pas de ma manoeuvre et mise un 12, alors que Gaël puis Elisa sentent
venir le coup et misent un 1 et un 2, afin d'être en mesure de rassembler
du monde dans leur cour au cas où. Je vais donc adapter ma stratégie
en me disant que si je ne prends pas cette carte, quelqu'un la prendra très
certainement, aussi autant placer tous mes caballeros de ma cour sur le plateau
et prendre une carte action le permettant tout en en accomplissant une intéressante.
Je réussis à renforcer ma présence dans le bas du plateau
et à déplacer le roi dans la région du pays Basque, où
se trouvent le Grande de Julie et de Gaël, car une carte de déplacement
de Grande se trouvait dans le lot de choix. Ainsi, il est fort possible que
la carte d'affainlissement soit choisie. C'est ce qu'il adviendra, et à
l'aube du dernier tour, seul Gaël dispose de caballeros dans sa cour...
Le dernier tour est superbe, même si les cartes action proposées
ne sont pas attractives : 2 d'entre elles ne présentent aucun intérêt
pour personne. Gaël choisit celle qui lui permet de déplacer 5 caballeros
d'une région, et il place ainsi 5 de ses pions dans le Castillo. Aïe
!
Julie parvient elle aussi à blinder le Castillo. Re-Aïe ! Elisa
et moi sommes un peu déprimés à l'aube du décompte
de ce Castillo.
Les jeux sont faits...
Décompte final
Je remporte la partie avec un total de 102 points (tour
du plateau dépassé), suivi de Gaël avec 86 points, de Julie
avec 81 points et enfin Elisa avec 78 points.
Débriefing
Ce jeu a véritablement enchanté tous les joueurs
de cette soirée :
- Dynamisme des placements,
- Rôle du Roi et du Castillo,
- Réflexion croissante et montée en puissance des intérêts,
- Bluff généré par les choix cachés sur le disque,
- ...
Au niveau des mécanismes,
cette partie aura révélée notamment qu'un éparpillement
de ses forces (Elisa) conduit difficilement à la victoire.
En revanche, une grosse gestion du Castillo est propice à des gains importants
(décompte + majorité soudaine dans une région).
Ajoutons que des décomptes intermédiaires bien dosés peuvent
vous permettre de prendre une avance régulière, ce qui finalement
est le plus important. Parfois même, je l'ai testé avec Gaël,
vous avez tout intérêt à faire un décompte immédiat
même si vous n'êtes que deuxième dans une région,
car même si vous perdez du terrain sur un joueur, vous en distancez deux
autres. Si les points gagnés pour le premier et le deuxième ne
sont pas trop différents (5 et 4 en l'occurence), ce peut être
hautement stratégique...
Le plus important malgré
tout, enfin à la vue de mon expérience de 2 parties, est d'être
en mesure de placer sur le plateau le maximum de caballeros, et particulièrement
dans le Castillo.
Après, une réelle démarche opportuniste et pragmatique
s'impose pour gêner l'adversaire le plus dangereux pour vous, en se rappelant
toujours qu'une carte que vous ne prenez pas, sera choisie par un adversaire
et l'effet vous sera le plus souvent défavorable...
Quel jeu magnifique !