Participants
- Vincent, qui va découvrir ce nouveau jeu de Knizia,
- François H., grand amateur d'Euphrat & Tigris, plutôt sceptique devant la nouvelle production de Reiner Knizia,
- Jérôme, joueur de plus en plus assidu qui devient mon partenaire de jeu le plus régulier,
- Ludo le gars, votre serviteur.

Déroulement de la partie
Testé pour la première fois lors des Rencontres Ludopathiques fin avril, Amun-Re avait été la bonne surprise de ce printemps. Lorsque Schmidt a eu l'excellente idée de m'en adresser une boîte, j'étais bien sûr enchanté et je me suis empressé de le sortir, pour le faire découvrir à mes invités de ce soir.
Amun-Re va donc bénéficier de l'assiduité ludique de Vincent, François et Jérôme.

Vincent choisit les éléments verts, François les bleus, Jérôme les blancs et votre serviteur les noirs.
J'expose les principes de jeu assez rapidement, non sans difficulté car la logique des actions n'est pas clairement orchestrée, puis nous entrons dans le vif du sujet avec le premier tour de jeu de la première période, avec Jérôme en premier joueur.
Il tire les 4 provinces qui vont être mis aux enchères puis nous procédons à la première d'entre-elles sans trop se battre pour l'acquisition de telle ou telle contrée.


Vincent, François et Jérôme à la découverte du Dieu Amun-Re...

François me demande de justifier ma première intention d'enchère (car je connais le jeu) et je m'exécute de bonne grâce en arguant du fait qu'il vaut mieux choisir une province moyenne(Amarna) que la meilleure pour éventuellement ne pas être dérangé dans ses choix (4 paysans plaçables, 1 carte autorisée et 1 temple).

Je conserve la province Amarna et personne ne conteste le choix de ses adversaires, même si François a beaucoup hésité à venir me titiller sur Amarna (ma position sur le 1 a dû le freiner dans ses ardeurs de se montrer belliqueux).

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La configuration du jeu à la fin de la première période...

Pour entamer la seconde période nous retirons du jeu tous les éléments (paysans, marqueurs colorés) à l'exception des blocs de pierres et des pyramides déjà construites. Il va falloir se battre, surtout que dans la configuration à 4 joueurs, 3 provinces (Baharya, Dakhla et Kharga) n'ont pas trouvé preneur lors de la première période et sont donc vierges de construction...

Il me semble assez rapidement que le concurrent le plus sérieux doit être François car il nous dit accumuler les cartes objectifs et que, même s'il râle pas mal sur la pioche, il devrait en réussir quelques uns. Je décide donc de venir le chercher sur ses enchères et cela fonctionne assez bien pour la première de la seconde période.
Dans le même temps, Vincent et Jérôme ont les mains libres pour vaquer à leurs occupations.


Cette seconde période semble sourire à François même s'il a eu l'occasion de s'énerver en me voyant sortir une carte pour revenir sur le même tableau d'enchères...


La plus grande construction réalisée par François sur une même province : 4 pyramide et un bloc caché derrière...

Lors du dernier tour, je sens que mon avance va fondre pour au moins trois raisons très claires :
- Je n'ai quasiment plus d'argent et mes modestes paysans ne serviront rien,
- François va être dur à contrer sur la plus grande construction,
- Malgré mes très nombreuses pioches de cartes, je n'ai aucune carte objectif pour la fin de partie (très frustrant).

Comme prévu, François augmente sa plus grande construction lors de sa phase d'actions et me dépasse d'un bloc de pierre avant la dernière séance d'offrandes. J'hésite alors sur la marche à suivre : miser le peu d'argent qu'il me reste (5 or !) pour espérer avoir une faveur de plus d'Amun Re que François, ou, au contraire, ne rien miser et gagner 3 pièces d'or dans l'espoir de ne pas être dernier pour ce décompte sur l'argent. Je réalise cependant que je dois être assez loin au niveau argent et qu'il faut que je tente le tout pour le tout sur la séance d'offrandes.
Je mise donc tout mon trésor, c'est à dire 5 pièces d'or, mais cela ne suffit pas car François termine premier de cette phase et il assure le coup en réjoutant un bloc de pierre, me privant à coup sûr d'une égalité. Ma troisième place sur les offrandes ne m'offre qu'une misérable faveur : un paysan pour 3 pièces d'or de revenus (nul !) ou une carte spéciale sachant que la pioche vient d'être battue (espoir, espoir, d'une carte objectif...).
Je choisis la pioche d'une carte et je tire une majoration de la valeur des paysans, ce qui me permettra de gagner 4 pièces d'or de plus..

Nous faisons les comptes et ce qui se profilait se produit...


Jérôme s'apprête à positionner son marqueur blanc pour la première enchère...

A noter que je décide de miser sur les cartes spéciales (objectifs secrets), la conservation d'un pécule d'argent pour la seconde période et la fin de partie (ce qui m'a tant manqué à Vaugrigneuse) et la mise en place rapide de paysans pour les rentabiliser au maximum (les chameaux aussi dans la même logique).


Jérôme vient d'utiliser l'une de ses cartes spéciales pour construire une pyramide "moins cher"...

A l'issue du premier tour, je me sens en bonne position, surtout que j'acquiers la statuette du Dieu grâce aux offrandes et que mes paysans m'ont rapporté des revenus convenables.

Les deux autres tours de la première période ressemblent au premier et je sens que ma position s'est même améliorée, surtout depuis ma pioche d'une carte objectif que je peux réaliser immédiatement (toutes mes provinces du même côté du Nil).
François, pas trop à la traîne pourtant peste contre le tirage des cartes, alors que Vicent et Jérôme ne sont pas au mieux à l'aube de la seconde période.


Parfois, les gens viennent vous embêter alors que vous ne faîtes rien de mal : juste acquérir 8 pièces d'or à chaque tour...

Les seconds et troisièmes tours de la seconde période sont assez mal gérés par votre serviteur qui a tendance à dépenser assez cher pour les enchères et à peu rentabiliser ses revenus (peu de paysans : choix effectué pour avoir plus d'argent pour construire ou prendre des cartes). Il est clair que ma stratégie qui consiste à miser peu lors des offrandes en seconde période fonctionne assez mal.
François paraît tout heureux lorsque l'une des provinces non vendues au premier tour sort et qu'il peut s'en octroyer la propriété assez facilement (il dispose de cartes objectifs basées sur le nombre de cartes "prenables" par tour, comme il nous l'a dit).

De plus, il vient me taquiner sur la plus grande construction à l'ouest du Nil, sachant qu'il sait qu'il ne pourra pas obtenir des sets de pyramides lucratifs et qu'ainsi il peut réduire mon avance. Malin et fort bien joué de sa part...


La partie approche de son terme...

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La configuration finale du jeu

 

Décompte final
François remporte cette partie avec un total de 43 points devant Vincent avec 36 points, Ludo le gars avec 34 points et Jérôme avec 31 points.
Le détail est le suivant :

 
Fin de première période
Fin de seconde période
Argent
Total
Vincent
9
25
2
36
François
15
22
6
43
Jérôme
13
14
4
31
Ludo le gars
17
17
0
34

Débriefing
Quelle partie étonnante et bourée de contrastes :
- Je perds la partie notamment à cause de la pioche (aucune carte objectif pour la fin de partie) alors que c'est François qui s'est plaint de faire de mauvais tirages (cartes objectifs non utilisables à court terme),
- Je m'étais fixé des axes de jeu au départ (argent, carte bonus) et je n'en ai réalisé aucun des 2 !
- J'avais présenté le jeu comme un "gros" jeu, bien long et bien complexe, et la partie s'est déroulée rapidement, assez tranquillement et sans demander trop d'efforts !

Voilà en gros mes premières impressions à l'issue de cette partie.
Pour ce qui est de François et de Jérôme, ils n'ont pas trop accroché au jeu, même si François a trouvé le système d'enchères très réussi (surtout le fait de ne pas pouvoir revenir sur le même tableau) tout comme la gestion des paysans et des revenus (bien qu'il juge trop aléatoire le système de mises cachées). De plus, il n'a pas digéré le système de pioche des cartes (mélange des objectifs et des actions supplémentaires). Je le rejoins sur ce point, mais je ne trouve pas la variante de Rody (présentée sur son site) fonctionnelle et je pense qu'après d'autres parties il conviendra d'en formuler une autre où les cartes objectifs et actions supplémentaires seraient disposées en 2 piles.
Vincent a un peu plus apprécié le jeu, mais il faudrait lui demander car j'ai du mal à mesurer son intérêt pour celui-ci ;-)

En ce qui me concerne, un autre aspect m'a gêné : le fait que certaines provinces ne soient pas vendues (à l'une ou l'autre des périodes) risque de conduire certains joueurs à perdre une partie car ils n'auront pas misé sur les bons objectifs secrets... Il faudrait, là-aussi, connaître les noms des provinces non proposées à la vente avant la partie (à moins de 5 joueurs bien entendu).
Enfin, sur le plan du jeu lui-même, il est clair que les deux périodes doivent être abordées avec des stratégies fondamentalement différentes mais complémentaires :
- Les paysans sont intéressants lors du premier et second tour de la première période (revenus) et lors de tous les tours de la seconde période (revenus puis points de victoire),
- Les offrandes doivent être bien étudiées : souvent une mise de 1 ou 2 pièces d'or suffit pour être dans les 3 qui recevront des faveurs de la part du Dieu,
- L'attente de cartes objectifs ne saurait produire une stratégie viable et il me semble que les poinst acquis de cette façon doivent être vus comme des compléments et non comme les bases de ses points de victoire.

Voilà pour ce premier compte-rendu de partie d'Amun-Re, un bien beau jeu dans tous les cas.